Une trentaine de militants Greenpeace ont pénétré sur le site de la raffinerie Total située près du Havre (France). Ils ont déployé trois banderoles qui dénoncent un « crime climatique » et proclament que « Total invente la destruction durable ». Par cette action spectaculaire, réalisée à moins de dix semaines du sommet de Copenhague, Greenpeace dénonce la responsabilité du groupe pétrolier français dans les changements climatiques, avec les investissements faramineux réalisés par Total dans l’exploitation des sables bitumineux, au Canada, dans l’État de l’Alberta, mais aussi à Madagascar.
La dépendance du monde au pétrole a fait des sables bitumineux le plus important projet industriel de la planète, d’une superficie équivalente à celle de l’Angleterre. (Alberta/Canada) ©Greenpeace/Rezac
« Il s’agit d’un crime climatique commis en
toute impunité, explique Yannick Rousselet, chargé de la campagne
Énergie à Greenpeace. Les sables bitumineux, c’est la façon la plus
sale et la plus chère d’extraire et de produire du pétrole. Le
pétrole issu de ces sables génère cinq fois plus de gaz à effet de
serre que celui issu des gisements classiques. L’exploitation de ce
pétrole nécessite aussi un gaspillage ahurissant d’énergie – gaz,
électricité, carburant, etc. – et d’eau. » Le groupe Total a déjà
investit plus de 12 milliards de francs suisses en Alberta et
prévoit d’en investir encore 15 milliards, dans les dix années à
venir, en Alberta et à Madagascar. Objectif de la multinationale:
que 10% de sa production de pétrole proviennent de l’exploitation
des sables bitumineux.
L’opération de ce matin se situe dans le sillage des actions
menées depuis trois semaines par Greenpeace dans l’Etat de
l’Alberta, au Canada. Des militants venus de France, du Brésil, du
Québec ou d’Australie ont successivement occupé et bloqué deux
mines à ciel ouvert, puis une usine du groupe Shell. Des opérations
similaires devraient encore avoir lieu dans les semaines à
venir.
Dans dix semaines, les chefs d’Etat du monde entier se
retrouveront à Copenhague pour tenter de trouver un accord pour
lutter contre les changements climatiques et donner une suite au
protocole de Kyoto. « Comment lutter contre les changements
climatiques si l’on laisse des groupes pétroliers, des États, et
des intérêts économiques divers investir dans une telle catastrophe
environnementale et climatique, s’interroge Yannick Rousselet.
Alors qu’on nous parle sans relâche de ‘moralisation’ du
capitalisme, nous interpellons le président de la République
française et ses collègues européens, qui se prétendent leaders de
la lutte contre les changements climatiques mais laissent des
industriels comme Total développer des activités extrêmement
polluantes. »
Les sables bitumineux, destruction durable de l’environnement et
du climat Les sables bitumineux, c’est un bitume très visqueux,
mélangé à du schiste et du sable à partir duquel on extrait du
pétrole, par un processus long, complexe et couteux. Les plus
grandes réserves exploitables se trouvent en Alberta, au Venezuela
et à Madagascar. En Alberta, l’exploitation des sables bitumineux a
déjà dévasté plus de 3’000 km² de forêt boréale, créé d’immenses
lacs de déchets miniers, pollué de nombreuses rivières, etc. Mais
c’est surtout une véritable bombe climatique à l’heure où la
planète doit aller vers des réductions drastiques de ses émissions
de gaz à effet de serre.
Site de Greenpeace
France: « Total invente la destruction durable »