Les militants Greenpeace ont atteint la plateforme Elgin-Franklin, au large de l’Écosse, à bord du bateau Königin Juliane. Cette installation de l’entreprise Total est aux prises avec une gigantesque fuite de gaz depuis plus d’une semaine. Le but de ce voyage est d’effectuer des prélèvements d’eau et d’air aux abords de la zone de sécurité imposée autour de la plateforme, afin de mieux connaitre les conséquences sur l’environnement liées à cet accident. Première constatation, une nappe huileuse pollue les eaux de surface.
Les militants Greenpeace vont prendre des photos infrarouges de la fuite de gaz afin de vérifier le point d’échappement de la fuite. Ils chercheront également à déterminer la concentration de méthane dans l’air et la présence d’autres composants toxiques dangereux pour la faune et la flore dans l’eau. Dans le passé les compagnies pétrolières ont régulièrement fait preuve d’un manque de transparence, voir même de rétention d’information sur les conséquences environnementales de leurs activités, notamment dans le cas d’accidents graves. Il est important de disposer d’une source d’information indépendante dans cette affaire.
Avec l’exemple de la plateforme Elgin-Franklin on voit la rapidité avec laquelle les industriels du gaz et du pétrole peuvent perdre le contrôle de leurs plateformes. Une semaine après l’annonce de la fuite de gaz on ne sait toujours pas combien de temps il faudra à Total pour l’arrêter. À l’avenir, la prospection de pétrole en haute mer entrainera régulièrement des accidents, car le défi technique est bien trop élevé pour permettre une activité complètement sécurisée sur ces installations. Les risques imposés à l’environnement sont encore plus élevés dans le cas de prospections en très grande profondeur, ou dans des écosystèmes particulièrement fragiles, comme c’est le cas en Arctique. Dans ces régions, les responsables des installations pétrolières seraient totalement démunis dans la perspective d’un incident similaire. Greenpeace exige donc un arrêt immédiat de l’exploitation industrielle de l’Arctique et une interdiction des forages en eaux profondes. Les compagnies pétrolières comme Shell doivent abandonner leurs projets de prospection pétrolière en Arctique, qui mettent en péril un écosystème d’une richesse unique et déjà mis à rude épreuve en matière de pollution.
Plusieurs centaines d’accidents se produisent chaque année sur les plateformes pétrolières en mer du Nord. Malheureusement une grande partie de ces cas sont passés sous silence et seuls ceux aux conséquences les plus dramatiques sont connus du grand public: En 1977, la plateforme Ekofisk perdait 20’000 tonnes de pétrole en mer du Nord. En 1988, l’explosion de Piper Alpha provoquait 167 décès. En 2007, ce sont 4’000 tonnes de brut qui s’échappaient du gisement de Statfjoerd. Il y a 12 ans, Exxon-Mobil se rendait responsable d’une fuite de gaz, qui aujourd’hui encore continue de faire bouillonner les eaux. Enfin, en août 2011, une plateforme de Shell perdait plus de 200 tonnes de pétrole. L’exploitation pétrolière en mer du Nord ne peut donc en aucun cas être considérée comme sûre ou propre.