Le 8 septembre dernier, l’entreprise BKW a communiqué que de nouvelles fissures ont été découvertes dans le manteau du cœur du réacteur de la centrale de Mühleberg. Ces fissures pouvant atteindre 10 cm ne sont plus seulement horizontales, mais aussi verticales par rapport aux soudures.
Le 8 septembre dernier, l’entreprise BKW a communiqué que de nouvelles fissures ont été découvertes dans le manteau du cœur du réacteur de la centrale de Mühleberg. Ces fissures pouvant atteindre 10 cm ne sont plus seulement horizontales, mais aussi verticales par rapport aux soudures.
L’Inspection fédérale de la sécurité nucléaire (IFSN) avait demandé un assainissement du manteau du coeur du réacteur il y a déjà 24 ans, mais seules des mesures provisoires ont été prises depuis et il se dégrade d’année en année. Ca ne fait aucun doute, il faut arrêter immédiatement la centrale de Mühleberg.
Il est tout simplement hypocrite d’affirmer – comme le fait l’IFSN – que ces nouvelles fissures, de même que les anciennes, ne constituent aucun risque. La réalité montre que l’on connaît mal le comportement des matériaux dans des conditions aussi extrêmes que celles qui règnent dans une centrale nucléaire, et que ce comportement est difficile à prévoir. On ne sait pas exactement quel est l’effet des fortes pressions, des températures élevées et du stress permanent provoqué par la radioactivité élevée sur les composants d’un réacteur de plus de 40 ans. C’est aussi valable pour le manteau du cœur du réacteur de Mühleberg.
Les centrales belges de Doël 3 et Tihange 2 illustrent bien cette situation. Des centaines de fissures y ont soudain été découvertes en 2012. Elles ne se trouvent toutefois pas dans le manteau du cœur, mais dans la cuve de pression du réacteur. La problématique est exactement la même, et l’apparition et le comportement des fissures sont imprévisibles malgré des examens approfondis. Pire, des hypothèses faites précédemment se sont avérées fausses en Belgique. Les effets du vieillissement comportent encore de trop nombreuses inconnues. Et continuer l’exploitation pourrait se terminer par un accident nucléaire.
Comment nos autorités de surveillance du nucléaire devraient-elles se comporter dans une situation aussi incertaine? Elles devraient appliquer le principe de précaution et empêcher que le réacteur de Mühleberg continue de fonctionner, au moins jusqu’à la suppression des fissures et des autres importants manquements à la sûreté. Et ceci indépendamment de la durée pendant laquelle la centrale devrait encore être exploitée. Il en est allé ainsi en Belgique où les deux centrales concernées sont arrêtées depuis des mois. Tout indique qu’elles ne seront plus jamais redémarrées. Le laisser-faire de l’IFSN dans le cas de Mühleberg est incompréhensible.
Mathias Schlegel est porte-parole de la campagne Climat & Energie de Greenpeace Suisse