Le 11 mars 2015 est un triste anniversaire pour la population japonaise, cela fait quatre ans qu’elle a été frappée par le Grand séisme de l’Est du Japon qui a déclenché un tsunami et la pire catastrophe nucléaire de l’histoire, la fonte des cœurs de trois réacteurs et la destruction de bâtiments de confinement à la centrale nucléaire TEPCO de Fukushima Daiichi.
Quatre ans après, la catastrophe nucléaire continue de déployer ses désastreux effets de contamination de l’environnement et de souffrance humaine. Même Shinzo Abe, le Premier ministre du Japon – un supporter inconditionnel du nucléaire qui a poussé au redémarrage du parc nucléaire japonais – a fait un pas en arrière par rapport à sa position de 2013 selon laquelle la crise des eaux radioactives est « sous contrôle ». En janvier 2015, il a admis qu’il y a « une montagne de sujets, y compris l’eau contaminée, la mise hors service, les compensations et la contamination… Lorsque je pense aux victimes vivant toujours la difficile condition des personnes évacuées, je ne pense pas que nous puissions utiliser le mot ‘stable’ pour décrire la centrale de Fukushima. »
Bref, les efforts de décontamination ne permettent pas de se « débarrasser » du problème de la radioactivité – ils ne font que le déplacer, et parfois pas très loin. Les villes fortement contaminées comme Iitate grouillent de centaines d’ouvriers décontamineurs – ils sont nombreux à être penchés sur un bout de trottoir qu’ils récurent avec une brosse à dents – un rappel poignant de l’énormité du problème et des lourdes pertes pour les anciens habitants de l’endroit. Quatre ans après, ce sont toujours des villes fantômes radioactives. Et malgré les courageux efforts des ouvriers décontamineurs, l’ampleur du problème est si gigantesque qu’elle semble insurmontable.
Les spécialistes en radioactivité de Greenpeace ont visité Fukushima 23 fois – la première fois dans les semaines qui ont suivi le début de la catastrophe. En octobre 2014, les résultats du monitoring par Greenpeace d’Iitate (à 40 km de Fukushima Daiichi), de Fukushima City (60 km), du quartier de Miyakoji de Tamura City (20km) et du village de Kawauchi (20km) ont montré que dans de nombreux endroits, les efforts de décontamination ne suffisaient pas à réduire la contamination pour atteindre le but à long terme de 0.23 micro Sv/h fixé par le gouvernement japonais. A Kawauchi, où l’ordre d’évacuation a été levé en octobre 2014 pour une partie de l’agglomération, le monitoring de Greenpeace a mesuré des taux de radioactivité 59% plus élevés que l’objectif visé. Les valeurs les plus élevées sont mesurées à l’écart des routes.
Mais on ne peut pas attendre de la population qu’elle vive bien dans ses anciennes localités en étant confinée dans des « corridors » propres le long des routes et des cheminements piétonniers. C’était auparavant une région renommée pour son agriculture. La perte de terres signifie la perte de toute une façon de vivre et de tous les moyens d’existence d’une bonne partie des anciens habitants. Approximativement 120’000 réfugiés de la radioactivité vivent toujours dans les limbes d’habitations temporaires. Ils ne reçoivent pas assez de compensations pour recommencer ailleurs, et ne peuvent pas ou ne veulent pas retourner dans leurs anciens foyers.
En ce jour, nous commémorons les victimes – dont un bon nombre souffre toujours de cette catastrophe. Et nous continuerons à nous battre avec la majorité de la population japonaise qui s’oppose à un redémarrage des réacteurs pour assurer un avenir sûr, propre et sans nucléaire. Signez encore aujourd’hui la pétition pour montrer aux décideurs japonais et à leurs alliés industriels que nous sommes convaincus qu’un avenir #ZeroNuclear est possible, pour le Japon et le reste du monde.