Greenpeace appelle depuis des années l’industrie textile à décontaminer ses processus de fabrication. Sont notamment visées les émissions de PFC, dangereuses pour la santé, qui menacent surtout les riverains dans les régions de production – également en Europe.

Les substances chimiques per- et polyfluorées (PFC) sont utilisées dans de nombreux processus industriels et se retrouvent dans les biens de consommation. Elles jouent un rôle majeur dans la fabrication des vêtements de sport, où elles servent à traiter les textiles contre l’eau et la poussière. La marque suisse Mammut continue (encore) à y recourir. Certaines entreprises ont choisi d’y renoncer et produisent maintenant sans PFC.

Les PFC peuvent être toxiques pour l’environnement et la santé des êtres humains. Certaines de ces substances dérèglent le système immunitaire et la production hormonale ou sont même soupçonnées de provoquer des cancers. Leur élimination naturelle ne se fait que très lentement. Une fois rejetés dans la nature, les PFC persistent durant de nombreuses années et sont disséminés sur toute la planète. Les vendeurs des magasins de sport sont également exposés à ces produits.

Ce problème touche aussi l’Europe
Les industries chimiques polluent l’eau et l’air aux alentours des sites de production. La pollution la plus importante a été constatée aux États-Unis, près d’un complexe de la multinationale DuPont, dans la vallée de l’Ohio (États de l’Ohio et de la Virginie occidentale). Durant des décennies, le groupe a utilisé du PFOA pour fabriquer du Téflon, une substance dangereuse et très persistante de la catégorie des PFC. La production a atteint son taux maximal dans les années 1990. Bien que DuPont se soit engagé à réduire de 95% ses émissions de PFOA et de produits chimiques apparentés – également sous forme de résidus dans les produits – jusqu’en 2010, et à les éliminer complètement jusqu’en 2015, ces substances sont toujours décelables dans l’eau potable et dans la formule sanguine des riverains. Les concentrations de PFOA varient selon la distance entre le domicile et l’usine. Des études ont établi un lien avec des cancers des reins et des testicules, et envisagent une corrélation avec des cancers de la prostate et des ovaires, ainsi que des lymphomes non hodgkiniens. On retrouve le même tableau clinique dans la province chinoise de Shandong. Des concentrations élevées de PFC ont été mesurées dans les eaux de surface et la poussière aux environs de l’entreprise Dongyuechem, qui produit les plus grosses quantités de PFOA du pays. Ces substances menacent la santé de nombreuses personnes vivant dans la région, en particulier de jeunes enfants.

Mais des cas de contaminations au PFC sont également attestés beaucoup plus près de chez nous, autours de grands complexes industriels à Dordrecht aux Pays-Bas, ou en Italie dans la région de la Vénétie. Des formules sanguines alarmantes chez certains riverains ont alerté les autorités sanitaires hollandaises. Des tests sont actuellement en cours auprès des habitants de Dordrecht, Sliedrecht et Papendrecht. Il s’agit de déterminer si les riverains des usines de DuPont/Chemours présentent généralement un taux sanguin de PFOA plus élevé. Les échantillons sont comparés à un groupe de contrôle composé de personnes vivant à plus grande distance de la fabrique ou n’ayant habité que brièvement dans ses environs. Les résultats sont attendus pour mi-avril 2017. Le ministère de l’environnement italien a quant à lui pu prouver la présence de PFC dans les eaux de surface et l’eau potable de la Vénétie, au nord-est du pays. Cette pollution provient à 97% d’une seule et unique source: une station d’épuration alimentée par de nombreuses industries telles des tanneries ou encore la fabrique de produits chimiques Miteni, spécialisée dans la production de composants fluorés destinés à différents usages – notamment l’imperméabilisation des textiles et des cuirs.

Certains PFC peuvent être à l’origine de graves maladies. Dans le cadre de la campagne Detox, Greenpeace appelle les fabricants et les marques à décontaminer leurs processus et à s’engager pour un avenir sans PFC.

Françoise Debons Minarro est porte-parole Biodiversité & Toxiques, Greenpeace Suisse

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