Le cinquième cycle de négociations en vue d’un nouveau traité mondial visant à mettre fin à la pollution plastique (Comité intergouvernemental de négociation ou INC5) s’est achevé le 1er décembre à Busan, en Corée du Sud. Ce devait être la dernière série de négociations, mais les pourparlers ont finalement été prolongés. Les discussions reprendront au mois d’août à Genève.

Nous savons qu’un traité ambitieux sur les plastiques permettant de protéger notre santé, la biodiversité et le climat doit être adopté sans tarder. Voici un résumé des points clés des discussions, y compris les raisons pour lesquelles les négociations ne se sont pas soldées par un traité.

Nous avons veillé à ce que les leaders du monde entier entendent votre voix (et voient votre visage)

Greenpeace International, aux côtés d’activistes de première ligne, de la poète Nikita Gill, du WWF et de Break Free From Plastic, a remis notre pétition collective – signée par près de 3 millions de personnes – au sénateur Jeff Merkley et à Juliet Kabera, directrice générale de l’Autorité rwandaise de gestion de l’environnement. La pétition a été livrée sous forme de globe terrestre pour symboliser les millions de personnes à travers le monde qui se sont exprimées en faveur d’une réduction de la production de plastique au cours des deux dernières années.

Greenpeace, en collaboration avec le WWF et la coalition Break Free from Plastic, a remis une pétition mondiale de 2,9 millions de signataires appelant à la fin de l’ère du plastique lors des négociations de l’INC5 en vue d’un traité sur les plastiques à Busan, en Corée du Sud. © Greenpeace / Sungwoo Lee

Puis, pour donner le coup d’envoi des négociations, Greenpeace Asie de l’Est (Séoul), en collaboration avec l’artiste et activiste Dan Acher, a envoyé un message audacieux aux gouvernements en déployant un œil géant au-dessus des négociations à Busan pour leur montrer que le monde entier avait les yeux rivés sur eux. Le drapeau est composé de milliers de portraits de signataires à la pétition provenant du monde entier.

#WeAreWatching is a monumental flag with a giant eye composed of thousands of portraits from around the world, unfurled from a 10-storey crane as government representatives are gathering for the the fifth and final Intergovernmental Negotiating Committee (INC5) meeting for a Global Plastics Treaty. Greenpeace is collaborating with #WeAreWatching by artist Dan Acher to demand bold action. From November 25 to December 1, 2024 world leaders will meet in Busan, South Korea for the fifth and final round of negotiations of the Global Plastics Treaty – a once-in-a-generation opportunity to solve the plastics crisis.

2. L’industrie des combustibles fossiles a travaillé dur pour faire échouer les discussions

Depuis la toute première série de négociations, les pays producteurs de pétrole et l’industrie pétrochimique ont usé de leur pouvoir pour nous faire perdre un temps précieux. Ce cycle n’a pas fait exception : 220 lobbyistes des secteurs des produits chimiques et des combustibles fossiles ont pu participer à la INC5, une présence inégalée depuis le début des négociations en vue d’un traité mondial sur les plastiques.

C’est plus que le précédent record de 196 lobbyistes recensé par le Center for International Environmental Law (CIEL) lors du dernier cycle de négociations. Cela signifie que la présence des lobbyistes à la INC5 était trois fois supérieure à celle de la Coalition des scientifiques pour un traité efficace sur les plastiques et près de neuf fois plus importante que celle du Caucus des peuples autochtones.

Des centaines de personnes représentant des groupes de la société civile se sont rassemblées à l’extérieur des négociations de l’INC5 pour exhorter les gouvernements à agir. Une déclaration endossée par plus de 150 organisations mondiales, dont Greenpeace, a également été présentée. © Jung-geun Augustine Park / Greenpeace

3. Plus de 100 pays se sont prononcés en faveur d’un traité ambitieux

Grâce à une importante mobilisation de Greenpeace et de nos alliés, plus de 100 États membres, dont la Suisse, ont signé une déclaration en faveur d’un traité ambitieux comprenant un objectif de réduction de la production mondiale de plastique. Ces pays ont pris fermement position en faveur de l’ambition tandis que Juan Carlos Monterrey, négociateur en chef pour le Panama devenu l’une des principales figures de l’événement en raison de son chapeau emblématique, a prononcé un discours percutant et engagé:

« C’est une lutte pour notre survie… les plastiques sont une arme de destruction massive. »

Cela a été un jalon important dans les démarches visant à conclure un traité. Nous avons désormais l’élan et la détermination nécessaires pour veiller à ce que la Suisse, pays hôte des prochaines négociations, ainsi que tous ces pays respectent leur engagement alors que nous poursuivons nos efforts pour obtenir un traité robuste qui réduise considérablement la production de plastique, priorise les droits et les connaissances des peuples autochtones, garantisse une transition juste et inclusive vers un avenir sans déchets et basé sur la réutilisation, et débarrasse nos vies des produits chimiques et des plastiques nocifs.

4. La société civile a été tenue à l’écart

La plupart des réunions déterminantes à l’adoption d’un traité efficace se sont déroulées à huis clos, sans la participation d’observateur·rices. Les groupes de la société civile, les détenteur·rices de droits autochtones, les scientifiques et d’autres parties prenantes n’ont donc pas pu assister à la plupart des négociations.

En plus de limiter les possibilités de demander des comptes aux États membres qui ne respectent pas leurs engagements, cela prive les délégations des pays moins riches du soutien de la société civile. C’est profondément injuste et scandaleux, et nous ne ménagerons aucun effort pour que cela ne se reproduise plus.

Des militant·es Greenpeace Canada ont livré une «usine mondiale de plastiques» de 20 pieds à la porte du Shaw Center, où se déroulent les négociations sur un traité mondial sur les plastiques.

5. Nous avons empêché l’adoption d’un traité faible

En fin de compte, bien que nous n’ayons pas obtenu de traité sur les plastiques, il y avait un véritable risque que les négociations en Corée du Sud se solde par un traité inefficace, rédigé pour plaire à une poignée d’États obstructionnistes et à leurs soutiens de l’industrie des combustibles fossiles. Mais après de fortes pressions, les États membres ont rejeté un accord sans substance qui n’aurait fait aucune différence et se sont engagés à adopter un traité ambitieux. Le moment est venu pour eux d’honorer cette promesse et de conclure un traité robuste pour les gens et la planète!

La production de plastique aggrave la crise climatique et est appelée à tripler d’ici 2050. Nous savons que le recyclage à lui seul ne nous permettra pas de résoudre cette crise, et qu’il nous faut produire moins de plastique! C’est pourquoi nous devons absolument réduire la production d’au moins 75 % d’ici 2040. Un traité mondial solide sur les plastiques doit tenir les grands pollueurs responsables et protéger notre climat, notre santé et notre planète.

Nous comptons sur la Suisse, pays hôte, pour rallier la majorité des pays à la signature d’un traité réellement ambitieux. Rendez-vous du 4 au 15 août à Genève pour l’INC5.2!