L’Autorité internationale des fonds marins (AIFM) a franchi des étapes importantes dans la protection des océans. Les négociations des trois dernières semaines pourraient marquer un tournant pour la protection des eaux profondes.

Des résultats encourageants

Vendredi soir, les trois semaines de négociations de l’Autorité internationale des fonds marins (International Seabed Authority, ISA) se sont conclues. Ces semaines intenses ont abouti à des résultats significatifs et très positifs. La campagne de Greenpeace a porté ses fruits!

  • Cinq nouveaux pays (Malte, le Honduras, les Tuvalu, le Guatemala et l’Autriche) ont officiellement exprimé leur rejet de l’exploitation minière en eaux profondes, portant ainsi le nombre total de nations opposées à 32.
  • Pour la première fois, une discussion a eu lieu sur la création de statuts de l’AIFM pour la protection de l’environnement marin, appelés « General Policy ». Ce cadre aurait permis d’instaurer un moratoire sur l’exploitation minière en eaux profondes par l’AIFM. Malheureusement, aucun accord n’a été atteint, car un groupe de pays, dont la Chine, l’Italie, l’Arabie Saoudite, le Koweït, l’Ouganda et le Ghana, a refusé de participer. En revanche, des pays comme le Chili, Palau, Vanuatu, Samoa, la Suisse, le Brésil et la Grèce ont fortement plaidé pour que la protection de l’environnement marin soit au cœur des discussions de l’assemblée générale de l’AIFM.
  • Leticia Carvalho, originaire du Brésil, a été élue à une nette majorité à la tête de l’Autorité internationale des fonds marins avec une nette majorité (79 voix contre 34). Cette élection est un signal très encourageant, surtout après le mandat de Michael Lodge, dont le soutien marqué à l’exploitation minière en eaux profondes et aux intérêts industriels avait compromis l’impartialité requise pour ce poste.
  • Les organisations des peuples indigènes, longtemps exclues des négociations de l’AIFM sur l’extraction minière en eaux profondes, ont désormais obtenu le statut d’observateur. Elles pourront ainsi assister aux discussions et collaborer directement avec les décideurs politiques.
  • Aucune réglementation concernant l’exploitation minière en eaux profondes (connue sous le nom de Mining Code) n’a été adoptée.

Des déclarations émouvantes

Outre ces résultats prometteurs, les négociations ont été marquées par des moments particulièrement poignants. Pour la première fois, un chef d’État a participéà la négociation: Surangel Whipps Jr., président des Palau et défenseur des océans. Il a appelé l’AIFM à protéger les océans pour les générations futures, en présence de deux de ses enfants, membres de la délégation de Palau. Il a conclu son discours en lançant : «Ne quittons pas la Jamaïque en ayant donné à l’industrie minière la permission de coloniser notre patrimoine commun et de détruire notre plus grand allié dans la lutte contre le changement climatique : nos océans.»

Des représentants de premier plan de la région Pacifique forment une délégation à cette réunion de l’AIFM. © Greenpeace / Gladstone Taylor

L’actrice Amanda du-Pont a prononcé un discours puissant, appelant les délégués à s’opposer à l’extraction minière en eaux profondes. Elle a comparé cette exploitation à celle des périodes coloniales en Afrique et a souligné combien des millions d’Africains dépendent des océans pour leur survie: «Lorsque j’entends parler de l’extraction minière en eaux profondes, je reconnais la même logique d’exploitation qui a causé pauvreté, pollution et dégradation environnementale à notre peuple.»

Que se passe-t-il ensuite?

Il est désormais crucial de veiller à ce que les prochaines étapes nécessaires soient prises pour protéger les eaux profondes. La priorité est d’adopter une politique générale de protection de l’environnement marin au sein de l’AIFM. Il est également essentiel de renforcer la transparence et l’indépendance dans les travaux de l’AIFM. Greenpeace demeure vigilant et engagé. Nous avons franchi une étape significative qui nous inspire de l’espoir pour l’avenir.