Avec plus d’un jour de retard sur le programme établi, les délégués sont parvenus à un accord final pour la COP 28. Ce texte final n’est pas l’accord historique dont l’humanité a besoin face à la crise climatique. Il marque toutefois un premier pas vers la reconnaissance d’une nécessaire sortie complète des énergies fossiles et offre un signal clair en faveur d’une accélération décisive de la transition énergétique. Un changement majeur qui doit aussi rapidement se concrétiser en Suisse
Après une dernière ligne droite mouvementée, les délégués présents à la COP se quittent avec un texte final qui laisse malheureusement la porte ouverte à de nombreuses échappatoires. Le signal en faveur d’une accélération de la sortie des énergies fossiles, tant redouté par les représentants des industries du pétrole, du gaz et du charbon, est bien là. Malheureusement il est enterré sous de nombreuses distractions dangereuses et les moyens pour y parvenir de manière équitable et rapide manquent encore.
Les connaissances scientifiques sont pourtant claires: pour atteindre les objectifs fixés, soit de limiter le réchauffement global à 1,5°C, il faut laisser les énergies fossiles dans le passé. C’est la responsabilité des pays riches de décarboner rapidement leurs approvisionnement énergétique, sur leur territoire et dans le monde entier. Ils devront augmenter considérablement leur soutien financier aux communautés les plus exposées.
Il faudra aussi mettre les groupes industriels actifs dans les combustibles fossiles face à leurs responsabilités, eux qui ont engrangé l’an dernier plus de 4’000 milliards de dollars de bénéfices. Nous restons déterminés, maintenant plus que jamais, à obtenir la transition énergétique et la justice climatique.
La Suisse a les cartes en main
Pour que la Suisse mette sa politique climatique sur les bons rails et atteigne les objectifs fixés, il y a plusieurs chantiers à réussir lors de la prochaine législature. La Suisse doit faire entrer rapidement en vigueur la loi climat, plébiscitée par la population en juin 2023. Le Parlement doit aussi adopter la nouvelle version de la loi sur le CO2, et la doter d’objectifs ambitieux – au moins 60% de réduction des émissions d’ici à 2030 – permettant de rompre avec l’oreiller de paresse de la compensation carbone.
La Suisse doit aussi s’engager au niveau international, pour aider les pays les plus pauvres dans leurs efforts d’atténuation et d’adaptation au changement climatique. Pour cela, notre pays doit verser au Fonds vert pour le climat au moins 1 milliard de francs par année. S’y ajoute la contribution au Fonds pour les pertes et dommages. Ces sommes ne doivent toutefois pas se substituer aux efforts de la Confédération en matière d’aide publique au développement.
La Suisse doit aussi être active dans d’autres domaines. Elle doit imposer aux acteurs de la place financière de contribuer à atteindre les objectifs climatiques, eux dont les investissements représentent entre 14 et 18 fois les émissions carbones de notre pays. Il faut aussi s’assurer que les plans d’extension du réseau autoroutier soient abandonnés et que la politique des transports favorise un report modal vers la mobilité douce. Enfin il faut agir sur notre consommation, largement dépendante des importations et donc responsable d’énormément d’émissions carbones dans des pays tiers. Nous devons avancer vers le modèle de l’économie circulaire afin de réduire les matières premières consommées. Enfin, notre système agro-alimentaire doit favoriser l’émergence d’une alimentation plus végétale et favoriser la production locale.
Un pays richement doté comme le nôtre a toutes les cartes en main pour relever ces défis. Nous avons beaucoup à y gagner. Les opportunités économiques et les nombreuses créations d’emplois liées au passage aux énergies renouvelables et à la décarbonation du système énergétique sont un exemple parmi d’autres. Nous avons par contre tout à perdre à laisser le réchauffement climatique s’emballer.