Dans une région éloignée du Nord Ouest de l’Argentine, des militants de Greenpeace utilisant des motos aux couleurs du jaguar, ont immobilisé des bulldozers les empêchant de détruire la forêt. La forêt argentine est en train d’être dévastée pour la culture du soja transgénique de Monsanto, soja exporté vers l’Europe et la Chine et destiné à l’alimentation animale.
Buenos Aires (Argentine). « Nous sommes dans ces
forêts pour stopper leur destruction et la transformation des
terres en désert de soja transgénique » a déclaré Emiliano Ezcurra,
coordinateur de la campagne biodiversité pour Greenpeace Argentine.
« Chaque heure qui passe, l’équivalent en surface de vingt terrains
de football de la forêt argentine est détruit. Pour trois tonnes de
soja produit, un hectare de forêt est perdu. L’expansion du soja se
traduit par le même processus de déforestation au Paraguay, en
Bolivie et dans le sud du Brésil ».
Les Yungas et la Gran Chaco constituent le second massif
forestier des Amériques après l’Amazonie. Ces forêts sont
particulièrement riches en biodiversité et abritent des espèces
rares comme le jaguar qui, dans cette région du monde, est menacé
d’extinction.
La production de soja connaît une progression record en
Argentine depuis 1996, année de l’introduction du soja transgénique
de Monsanto. Elle a entrainé de multiples problèmes sociaux et
environnementaux. Les ensembles forestiers de Las Yungas et Gran
Chaco sont habités par des millions de personnes, et notamment par
des communautés autochtones dont la survie dépend de la forêt. Les
« barons du soja » payent la police locale pour évacuer par la force
les habitants de la forêt.
Ramón Ferriera, un habitant des forêts de Gran Chaco, témoigne :
« Ils nous ont forcé à quitter notre région, souvent en nous
menaçant avec des revolvers. Ensuite, ils sont arrivés avec de
grosses machines, et se sont mis à abattre les arbres, à les brûler
puis ont planté du soja. Nous ne tirons aucun profit économique de
cette destruction et nous avons perdu tout ce que nous avions. »
« Des gens y souffrent de malnutrition et leurs terres sont
utilisées pour alimenter nos élevages industriels de cochons,
vaches et poules d’Europe et d’Asie » a déclaré Yannick Jadot,
directeur des campagnes à Greenpeace France. « Les promoteurs des
OGM promettent aux paysans une vie meilleure, moins de malnutrition
et un environnement protégé. L’Argentine montre le contraire. Le
gouvernement argentin doit mettre un terme à la destruction de la
forêt et reconnaître à ses habitants le droit de vivre sur leurs
terres. »
Pourtant, 100 jours après l’entrée en vigueur de la nouvelle
réglementation européenne sur l’étiquetage et la traçabilité des
OGM, les consommateurs européens continuent de rejeter les OGM.
Depuis le 18 avril, les détectives OGM de Greenpeace n’ont trouvé
qu’une poignée de produits contenant des produits étiquetés OGM :
12 aux Pays-Bas, 4 en Allemagne, 3 en Belgique, 17 en France (2
huiles de soja et pour le reste des produits importés des
Etats-Unis et du Canada, 2 en Grande-Bretagne et en République
Tchèque, 1 en Suède, aucun en Italie, Grèce, Espagne, Danemark et
Autriche.
« Néanmoins, les détectives Greenpeace et les consommateurs
doivent continuer à rester vigilants » a ajouté Yannick Jadot.
« Ensemble, nous devons continuer à exiger qu’une des failles de la
réglementation soit comblée. En effet, les produits dérivés
d’animaux nourris aux OGM ne sont pas soumis à l’étiquetage et le
consommateur n’a donc aucun moyen de savoir ce qu’il consomme. La
transparence exigée par les européens n’est donc pas
respectée. »