La Suisse perd 12 place et pointe dorénavant à la 33e place dans le Climate Change Performance Index (CCPI) 2025. Cette chute dans le classement s’explique principalement par l’immobilisme observé au niveau de la politique climatique d’ici à 2030. Le Conseil fédéral et le Parlement rechignent à fixer des objectifs suffisants. Ce classement met en lumière les problèmes de la Confédération en termes de politique climatique, notamment le refus d’appliquer le verdict de la CEDH dans l’affaire des Aînées pour le climat Suisse.
- Sachant que les États signataires sont encore loin d’être sur la bonne voie, un accroissement constant des ambitions a été convenu dans le cadre de l’accord de Paris. Alors que d’autres pays et l’ensemble de l’Union Européenne ont effectivement augmenté leurs ambitions depuis 2015, la stratégie de la Suisse est restée inchangée au cours des neuf dernières années, avec un objectif trop faible pour 2030. C’est particulièrement inquiétant, car la stabilisation du réchauffement climatique est uniquement possible en renforçant les réductions d’émissions carbones avant 2030.
- Avec la politique climatique actuelle de la Suisse, le budget carbone à respecter pour garder une chance de limiter l’élévation globale des températures à un maximum de 1,5°C sera ainsi certainement dépassé. C’est ce que montrent les récentes estimations produites dans le cadre du débat autour du récent arrêt de la Cour européenne des droits de l’homme. Il est aussi de ce fait difficile de respecter la limite de 1,5°C ainsi que la trajectoire cible de la loi climat adoptée par le peuple en votation. Pour rester dans le budget carbone qui limite le réchauffement à 1,5°C, la Suisse doit doubler ses efforts de décarbonation sur son territoire. Les efforts réalisés dans d’autres pays doivent aussi être revus largement à la hausse. Une protection efficace du climat au niveau mondial est seulement possible si les efforts des États correspondent effectivement à leur véritable puissance économique.
- L’an prochain entreront en vigueur plusieurs lois et révisions ayant trait au climat. Lors de l’élaboration des ordonnances correspondantes, le Conseil fédéral disposait de nombreuses possibilités, légitimées par les citoyens, pour améliorer la situation en matière de protection du climat, mais il a refusé de les utiliser. Ainsi, la nécessité urgente d’orienter davantage le secteur de la finance vers la protection du climat, en vertu de la loi sur la protection du climat, reste par exemple lettre morte. Il manque aussi jusqu’à présent une mise en œuvre du rôle de modèle de la Confédération et des cantons, tel qu’il est prévu par la loi. En conséquence, la Suisse obtient un résultat particulièrement mauvais dans le dernier Climate Change Performance Index dans le domaine de la «Climate Policy» et se classe seulement en 48e position.
- Les pays scandinaves, le Danemark en tête, montrent une fois de plus qu’il est possible de faire mieux. Le pays mène une politique climatique ambitieuse et se trouve, comme les années précédentes, en tête du classement. Par exemple, le Danemark poursuit depuis plus de dix ans une «transition thermique» cohérente et réussie. Les chauffages au fioul et au gaz représentent aujourd’hui une part minime. Dans le domaine des transports, la Norvège donne le ton et prévoit dès l’année prochaine d’interdire les voitures neuves équipées d’un moteur à combustion.
Georg Klingler, expert des questions climatiques pour Greenpeace Suisse : «Nous connaissons les solutions depuis longtemps. Décarboner rapidement permet non seulement d’assurer le respect des droits humains, mais est aussi la meilleure option pour conserver une société prospère. La politique climatique actuelle, et tout particulièrement le refus du Parlement et du Conseil fédéral de mettre en œuvre l’arrêt de la CEDH, est un désaveu pour l’objectif de limiter le réchauffement à 1,5°C. La Suisse, pays riche et compétent, renonce ainsi à notre assurance-vie la plus importante.»
Patrick Hofstetter, expert en énergie et en protection du climat pour le WWF Suisse : «Dans le système politique suisse, c’est le peuple qui a le dernier mot et qui dicte aux politiques leur marge de manœuvre. Mais contrairement à de nombreuses affirmations, cette marge de manœuvre est loin d’être épuisée, particulièrement en matière de protection du climat. Au contraire : dans l’élaboration de la loi climat et de la loi sur le CO2, le Conseil fédéral se contente d’effleurer le minimum nécessaire et ne respecte par conséquent ni la volonté populaire, ni les engagements internationaux. Avec cette stratégie d’évitement incompréhensible, la Suisse laisse passer une chance importante et perd de plus en plus de terrain au niveau international.»
CCPI 2025: la chute de la Suisse s’explique essentiellement par la faiblesse de sa politique climatique
Le Climate Change Performance Index (CCPI) est un classement des pays selon leur performance dans le domaine de la protection du climat. Il est publié chaque année par l’ONG German Watch, le New Climate Institute et le Climate Action Network et s’intéresse à 63 pays et à l’Union Européenne, qui, ensemble, sont responsables de plus de 90% des émissions de gaz à effet de serre au niveau mondial. Le podium reste pour l’instant vide. En effet, aucun des pays pris en compte met en œuvre les efforts nécessaires pour s’aligner sur l’objectif de limiter le réchauffement global à 1.5°C.
La note des États exprime la performance des différents pays dans quatre domaines. Le niveau des émissions de gaz à effet de serre comptent pour 40% de la note. Le développement des énergies renouvelables, la consommation énergétique et la politique climatique comptent chacun pour 20% de la note finale.
Si la Suisse atteint un classement «moyen» (medium) en ce qui concerne les émissions de gaz à effet de serre et la consommation d’énergie, sa note est plombée par les retards observés dans le développement des énergies renouvelables et, surtout, par l’insuffisance de sa politique climatique tous les deux classés comme «faible» (low). Sur ce dernier point, la Suisse se classe seulement 48e sur 63.
La faiblesse du classement de la Suisse dans ce dernier domaine s’explique essentiellement par la réticence des autorités fédérales à mettre en œuvre des mesures plus ambitieuses pour l’atténuation du réchauffement climatique. Le rejet pur et simple du verdict de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) dans l’affaire des Aînées pour le climat Suisse est emblématique de ce blocage. Dans ce dossier, les 2’500 requérantes ont démontré devant la cour que les objectifs insuffisants de la Suisse sont un danger pour leurs libertés fondamentales.
Le Danemark, les Pays-Bas et le Royaume-Uni occupent les meilleures places, tandis que les Émirats arabes unis, l’Arabie saoudite et l’Iran sont en queue de peloton.
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- Georg Klingler, expert climat et énergie, Greenpeace Suisse, +41 79 785 07 38, [email protected]
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