Au vu du projet de loi de la CEATE-E rendu public aujourd’hui, Pro Natura, BirdLife, Greenpeace et le WWF lancent un appel à la raison. Il serait fatal de jeter radicalement aux oubliettes des lois éprouvées sur la protection de la nature sous prétexte de sécurité d’approvisionnement. Les dommages causés à la nature seraient disproportionnés par rapport aux avantages pour la production d’énergie.
La révision de la loi sur l’énergie et de la loi sur l’approvisionnement en électricité est attendue depuis longtemps, le peuple ayant adopté la stratégie énergétique et la première étape de sa mise en œuvre en 2017 déjà. Les organisations environnementales souhaitent un projet qui fasse avancer rapidement la transition énergétique. Or, la CEATE-E présente maintenant une proposition mal ficelée. A côté de bons éléments, celle-ci mise de manière totalement irresponsable sur une coupe à blanc de la nature:
- La Commission veut subordonner unilatéralement le droit de l’environnement à la production d’énergie. Mais les changements climatiques et la crise de la biodiversité ne doivent pas être opposés l’un à l’autre, mais exigent des solutions communes.
- Elle veut supprimer la protection des biotopes d’importance nationale de la loi sur l’énergie et sacrifier ainsi les zones protégées les plus précieuses de Suisse pour la construction d’installations énergétiques. Il s’agit par exemple du Maderanertal, du Val Roseg ou de la Greina. Des zones qui ne représentent que 2% de la surface du pays, mais qui abritent un tiers des espèces animales menacées en Suisse. C’est un autre coup porté au cœur de la biodiversité déjà bien mise à mal dans notre pays.
- Elle veut abroger certaines parties de la loi sur la protection des eaux, notamment en ce qui concerne les débits résiduels. Et ce, bien que nos rivières et nos ruisseaux souffrent déjà de sécheresse en raison du réchauffement climatique. Au lieu de rendre nos cours d’eau aptes à faire face aux conséquences de la crise climatique et à la disparition des espèces dans et au bord de l’eau, on veut leur refuser le débit résiduel dont ils ont un besoin urgent.
- Elle veut supprimer l’obligation de prendre des mesures de protection, de restauration, de remplacement ou de compensation lors d’intervention dans les zones protégées les plus importantes.
Concrètement, cela signifierait que des mesures doivent continuer à être prises dans les paysages de moindre valeur, mais pas dans les zones les plus précieuses pour la nature. C’est totalement paradoxal.
A court terme, ces mesures extrêmes ne permettront de ne produire que quelques kilowattheures d’électricité. Et à long terme, cette exploitation à l’extrême de la dernière goutte d’eau ne sera pas décisive pour assurer l’approvisionnement énergétique. Les dommages durables et irréversibles subis par les cours d’eau et à la biodiversité, nos bases vitales, sont en revanche garantis. Ils sont disproportionnés par rapport aux avantages en matière d’approvisionnement énergétique.
Voici comment réussir un approvisionnement énergétique sûr:
L’Alliance-Environnement a montré, dans sa publication « Pour un approvisionnement énergétique sûr 2035 » comment réussir le tournant énergétique tout en respectant la nature:
- Sur les bâtiments, les façades, ainsi que les infrastructures existantes, le potentiel de production est de 82 TWh par année.
- Pour un approvisionnement sûr en hiver, il faut un développement du photovoltaïque avec un rendement hivernal élevé et un équilibre optimal entre la force hydraulique (réserve de force hydraulique) et les autres énergies renouvelables. Les 15 projets de la table ronde sur l’énergie hydraulique et les améliorations écologiques qui y sont liées doivent également être poursuivis conformément aux recommandations communes des cantons, de la branche et des organisations environnementales. Parmi les accords conclus lors de la table ronde figure également l’engagement en faveur des dispositions de protection en vigueur et de solutions équilibrées. Cet accord ne doit pas être contourné.
- Pour résoudre au mieux les conflits entre préservation et exploitation de la nature, une planification prévoyante et des processus plus efficaces sont nécessaires pour trouver des solutions qui peuvent être mises en œuvre de manière ciblée et rapide.
- Un démantèlement radical des lois sur l’environnement et la protection de la nature, qui ont fait leurs preuves durant de longues années, ne profite à personne et menace nos bases existentielles. Les organisations environnementales appellent le Conseil des Etats à corriger les propositions inadaptées de sa commission. Des solutions raisonnables ont été présentées sous forme de propositions de minorités. La chambre haute doit désormais contribuer à leur succès.
Contacts:
Pro Natura: Stella Jegher, cheffe de la division Politique et affaires internationales, 079 411 35 49
WWF Suisse: Pierrette Rey, porte-parole pour la Suisse romande, 079 662 47 45
Birdlife: François Turrian, directeur romand, 079 318 77 75
Greenpeace Suisse: Mathias Schlegel, porte-parole, 079 794 61 23