Greenpeace signale le départ des deux cargos nucléaires armés britanniques, le Pacific Teal et le Pacific Pintail, qui doivent traverser l’Océan Atlantique afin de charger une cargaison de Plutonium de qualité militaire dans le port militaire de Charleston, en Caroline du Sud, pour le transporter ensuite à Cherbourg. Les cargos ont quitter le port anglais de Barrow-in-Furness.

Paris (France). Ce plutonium provient des stocks excédentaires du programme d’armement nucléaire des Etats-Unis et est destiné à la fabrication d’un combustible nucléaire expérimental, le Mox, dans les installations de AREVA/Cogema. Le combustible au plutonium doit ensuite retourner dès l’année prochaine aux USA pour un test, dans le réacteur nucléaire de Catawba, en Caroline du Sud.

« La stratégie internationale de non-prolifération de plutonium a été prise en otage par une industrie à vocation commerciale : plutôt que de choisir l’option d’immobilisation du plutonium, qui laisse ce dernier sous contrôle de l’Etat et réduit considérablement les risques de prolifération, l’option MOX a été retenue. Celle-ci constitue une véritable escroquerie des contribuables pour les prochaines décennies qui vont financer un programme de combustible au plutonium dangereux, coûteux et totalement inutile et va déléguer au secteur privé la gestion d’un risque accru de prolifération ! » déclare Tom Clements, de Greenpeace International à Washington. « C’est une triste ironie de voir ainsi réunis Blair, Bush et Chirac qui, derrière les discours sécuritaires et la nécessaire lutte internationale contre la prolifération succombent aux sirènes du business de plutonium au mépris des risques terribles engendrés ».

Greenpeace mène campagne depuis dix ans pour obtenir que le plutonium soit considéré comme un déchet nucléaire et non comme un combustible potentiel. Cette s’approche s’avère la moins onéreuse, la plus rapide, la plus sûre, et celle qui apporte le plus de sécurité.

« Une fois de plus, BNFL soutenu par le gouvernement britannique, se prépare à accroître les risques pour la sécurité internationale et l’environnement en transportant du plutonium à travers les océans. Il n’existe aucune justification pour cette expédition, de même que l’utilisation de plutonium militaire dans des réacteurs nucléaires est une dangereuse erreur » affirme Shaun Burnie de Greenpeace International.

Le Pacific Pintail et le Pacific Teal, seront très peu gardés, par un effectif de 13 policiers anti-terroristes armés ainsi que de 3 canons de 30 mm. En comparaison, les précédentes expéditions de plutonium avaient impliqué des navires américains, français et britanniques ainsi que les forces des marines américains. Ces deux cargos transporteront environ 140 kg de plutonium, de quoi fabriquer entre 25 et 40 armes atomiques.

La semaine dernière, le département de l’énergie américain était interpellé par des membres du Congrès américain sur la sécurité qui entoure ce transport. Les inquiétudes portaient essentiellement sur le manque de sécurité sur le transport maritime (pas de navires militairement armés), ainsi que sur la vulnérabilité du plutonium en cas d’attaque terroriste sur le parcours routier en France, pays qui affiche un dispositif de sécurité très faible.

Greenpeace a récemment rencontré des membres du GAO américain, la division d’investigation du Congrès, au sujet de ce transport et ils ont visionné ensemble une vidéo qui montrait les défaillances du système de sécurité sur les transports de plutonium par route en France. Le plutonium de qualité militaire américain sera chargé dans des containers qui ne résisteraient pas à une attaque de roquette. A son arrivée en France, le plutonium sera transporté sur 1000 km vers le Sud du pays dans des camions peu gardés, qui seraient également une cible facile pour une attaque ou un vol.