Les glaciers se déplacent et donc fondent à une vitesse supérieure aux prévisions scientifiques. Cette découverte dramatique confirme une accélération de l’impact des changements climatiques.
Groenland Les glaciers se déplacent et
donc fondent à une vitesse supérieure aux prévisions scientifiques.
Cette découverte dramatique confirme une accélération de l’impact
des changements climatiques.
Des scientifiques du Climate Change Institute de l’Université du
Maine, Etats-Unis, embarqués sur le brise-glace de Greenpeace,
l’Arctic Sunrise, ont mené une étude au Groenland sur l’évolution
des glaciers.
Les premiers résultats indiquent que le glacier Kangerdlugssuaq,
situé sur la côte est du Groenland, pourrait être l’un des glaciers
les plus rapides au monde avec une vitesse de déplacement (de
l’intérieur de l’île vers la mer) atteignant environ les 14
kilomètres par an. En fait, le glacier « glisse » sur son lit à cause
de l’infiltration d’eau de fonte de surface, due au réchauffement
climatique. Les mesures ont été prises grâce à une méthode de
relevés de haute précision par GPS. Les résultats ont, alors, été
comparés avec ceux de 1988 qui était de cinq kilomètres par an,
soit une augmentation de + 9 km/an.
D’autre part et contre toute attente, le glacier de
Kangerdlugssuaq a perdu en surface : sa longueur s’est restreinte
de cinq kilomètres depuis 2001 alors qu’il avait une position
stable ces 40 dernières années.
Des glaciers tels que celui de Kangerdlugssuaq transportent la
glace depuis le cœur de la calotte glacière du Groenland jusqu’à
l’océan où ils libèrent des icebergs. Ces icebergs contribuent à
l’élévation du niveau de la mer. A lui seul, le glacier
Kangerdlugssuaq draine 4% de la glace de la calotte glacière
groenlandaise. Le moindre changement de vitesse de ce glacier prend
donc une importance considérable en terme d’élévation du niveau de
la mer.
« C’est une découverte dramatique, » a déclaré le Dr. Gordon
Hamilton, qui a effectué les mesures sur le glacier de
Kangerdlugssuaq, assisté de Leigh Stearns, doctorant de
l’Université du Maine. « Ces nouveaux résultats indiquent que la
perte en glace de la calotte du Groenland, si elle n’est pas
compensée par une augmentation équivalente des chutes de neige,
pourrait être plus importante et plus rapide que les estimations
précédentes », affirme le Dr. Hamilton.
« Comme le réchauffement climatique est plus accentué au Pôle
Nord, les glaciers qui se trouvent sous ces hautes latitudes
pourraient réagir comme le glacier de Kangerdlugssuaq. Cela
pourrait à son tour entraîner de graves implications pour la
vitesse de montée du niveau de la mer » ajoute le Dr. Hamilton.
La calotte glacière du Groenland pourrait commencer à fondre
irrémédiablement si le réchauffement de la région dépassait les
trois degrés Celsius. Cette fonte porte en elle la menace d’une
élévation progressive du niveau de la mer d’environ sept mètres sur
une période de quelques milliers d’années. Cependant, une montée de
la mer allant d’un demi-mètre à un mètre (en moyenne) d’ici à 2100
aurait des conséquences significatives pour l’ensemble des
sociétés. Plus de 70% de la population mondiale vit dans les
plaines côtières, et 11 des 15 plus grandes villes du monde se
trouvent sur des côtes ou dans des estuaires.
Au Nigeria, 1 mètre de montée du niveau de la mer entraînerait
la submersion de 70% de la côte ; la capitale de la Gambie (Banjul)
serait entièrement engloutie. La hausse du niveau des mers
causerait également la salinisation des nappes phréatiques
littorales, privant d’eau potable de nombreuses régions: on craint
par exemple que des mégalopoles du Sud comme Manille (Philippines),
Shanghai (Chine), Dhaka (Bangladesh), Jakarta (Indonésie) manquent
d’eau avant la fin du siècle. Les pays industrialisés ne seront
évidemment pas épargnés, en France, les lagunes du Languedoc
pourraient être inondées et la riche biodiversité des régions de
deltas serait considérablement réduite.
« La fonte des glaciers du Groenland envoie au monde un signal
d’alarme: il faut agir sans attendre pour enrayer le changement
climatique, » prévient Martina Krueger, responsable d’expédition
Greenpeace à bord de l’Arctic Sunrise. « Combien d’autres
avertissements faudra-t-il à l’Administration Bush et à l’ensemble
des pays développés responsables du bouleversement du climat avant
qu’ils cessent leur beaux discours et mettent en oeuvre des mesures
efficaces? » s’interroge Martina Krueger de Greenpeace.