Avec le soutien d’apiculteurs, Greenpeace Suisse vient de remettre aujourd’hui aux autorités fédérales une pétition pour protéger les abeilles. 80’103 personnes exigent l’interdiction de pesticides dangereux pour les abeilles. Ces signatures ont été récoltées en moins d’une année.

Des apiculteurs, des représentants et des militants Greenpeace ont déposé aujourd’hui des ruches devant le Palais fédéral, munies d’une lettre adressée au conseiller fédéral Johann Schneider-Ammann, chef de l’Office fédéral de l’agriculture. Cette dernière contenait les signatures récoltées depuis février 2012 auprès de citoyennes et citoyens préoccupés par la situation. Toutes ces personnes demandent au Conseil fédéral de prendre immédiatement des mesures interdisant le recours à des pesticides toxiques pour les abeilles*.

En janvier 2013, l’Autorité européenne de la sécurité des aliments (EFSA) a admis que les insecticides clothianidine, imidaclopride et thiaméthoxame de la famille des néonicotinoïdes représentent un danger pour les abeilles mellifères. Les néonicotinoïdes sont des neurotoxines produites par Syngenta et Bayer et utilisées pour traiter les semences ou sont directement épandues sur les plantes. Leur toxicité est cent fois plus élevée que celle d’autres insecticides. Diverses études ont prouvé que même une faible dose causait des problèmes de vol et de navigation chez les abeilles, qui réduisent alors leurs activités de procréation et de recherche de nourriture. On suppose que les néonicotinoïdes, en combinaison avec un environnement à faible biodiversité, ont un impact négatif sur la résistance des abeilles.

L’Union européenne (UE) décidera sous peu si elle suspendra provisoirement l’autorisation d’utiliser les substances suivantes: clothianidine, imidaclopride et thiaméthoxame. Les champs dans l’UE pourraient donc bientôt offrir un terrain plus favorable aux abeilles, alors que ces mêmes produits phytosanitaires sont toujours homologués en Suisse. Selon le Conseil fédéral, l’agriculture suisse traite quasiment 100% des semences de colza, 95% de celles de betteraves à sucre, 5 à 10% des semences de maïs et de nombreuses espèces de légumes aux néonicotinoïdes.

Il est urgent d’agir: les apiculteurs en particulier en Europe et en Amérique du Nord font état de pertes de ruchées très élevées depuis la fin des années 90. Les pays d’Europe centrale et méridionale sont les plus affectés – notamment la Suisse avec une perte de 50% des ruches durant l’hiver dernier.

Si les abeilles ne butinent plus sur les plantes, ceci met en danger non seulement l’environnement, mais aussi la production alimentaire. La valeur économique de la pollinisation des abeilles est estimée à environ 260 millions de francs par an. Il s’agit de préserver cette valeur essentielle de la pollinisation à l’avenir. Les causes principales de l’effondrement des colonies d’abeilles sont des parasites, une diminution des biotopes riches en espèces et ensuite une offre en nourriture moins variée, la base génétique réduite des abeilles, mais aussi le recours aux substances chimiques dans l’agriculture.

« La disparition des abeilles est le symptôme d’une agriculture erronée recourant en grandes quantités à des produits phytosanitaires réduisant ainsi la biodiversité » estime Marianne Künzle, chargée de campagne Agriculture chez Greenpeace Suisse. « Ce sont en premier lieu les groupes puissants tels que Syngenta ou Bayer qui profitent de cette situation. La seule solution possible pour le futur consiste à changer de paradigme et à passer à une agriculture plus écologique ».

Greenpeace exige dans la pétition remise ce jour un arrêt de l’épandage de tous les pesticides mettant les abeilles en danger. En particulier les substances actives clothianidine, imidaclopride, thiaméthoxame et fipronil sont à retirer immédiatement du marché. L’utilisation de ces produits chimiques est déjà partiellement interdite en Allemagne, en France, en Slovénie ou en Italie à l’heure actuelle. La procédure d’homologation des produits phytopharmaceutiques doit être revue et devenir plus transparente, indépendante et étendue. En outre, une stratégie nationale clairement définie en vue de réduire le recours aux pesticides ainsi qu’une promotion substantielle de l’agriculture biologique (paiements directs, recherche/formation, promotion de la biodiversité) et une production intégrée optimisée (renoncement plus prononcé aux produits chimiques, promotion de la biodiversité) s’avèrent indispensables.


*Suite à la publication de nouvelles connaissances scientifiques, Greenpeace a adapté la demande initiale de la pétition (moratoire de dix ans) pour exiger l’arrêt immédiat de l’épandage dans l’agriculture des substances actives clothianidine, imidaclopride, thiaméthoxame et fipronil. 72’455 personnes avaient signé la demande initiale d’un moratoire, 7’530 personnes ont signé la version adaptée qui exige l’interdiction de recourir aux substances citées ci-dessus.

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31.08.2008 (Drenthe/Hollande) ©Greenpeace/Boer

Alvéoles de cire construites par les abeilles.

 


31.08.2008 (Drenthe/Hollande) ©Greenpeace/Boer

Abeilles sur le cadre amovible d’une ruche.

 


31.08.2008 (Drenthe/Hollande) ©Greenpeace/Boer

Ruches dans un jardin.

 


31.08.2008 (Drenthe/Hollande) ©Greenpeace/Boer

Abeilles sur le cadre amovible d’une ruche.