Il y a 30 ans aujourd’hui, un événement remarquable s’est produit : les gouvernements du monde entier ont convenu de fermer l’Antarctique aux forages pétroliers et à l’exploitation minière.

Dans les années 1980, le débat sur le sort de l’Antarctique s’est intensifié en raison de l’intérêt croissant pour les gisements de pétrole et de minéraux du continent. En collaboration avec d’autres organisations, Greenpeace a fait campagne pour protéger l’une des dernières parcelles de nature vierge au monde.

La route vers le protocole de Madrid

Nous savions que les gouvernements ne pouvaient revendiquer l’Antarctique que s’ils y construisaient une base. Pour obtenir une place à la table des négociations, Greenpeace a donc entrepris de faire de même. la « World Park Base » est restée opérationnelle de 1987 à 1991. 

 Après des années de campagne, nous sommes passés du statut d’objet de moquerie à celui d’acteur respecté dans les négociations sur l’avenir du continent. Et peu à peu, de plus en plus de nations ont adhéré à l’interdiction de l’exploitation minière et du forage de combustibles fossiles.

L’accord conclu le 4 octobre 1991 est connu sous le nom de Protocole au traité sur l’Antarctique relatif à la protection de l’environnement, ou Protocole de Madrid. Il contient deux piliers importants : 1) Nous devons respecter les limites de la planète et apprendre à y vivre, plutôt que de courir au bout du monde pour l’exploiter ; 2) Tout devient possible lorsque nous travaillons ensemble.

Nouvelles menaces pour l’Antarctique

Trente ans plus tard, ces principes sont toujours d’actualité. Ces mêmes principes sont ce dont nous avons besoin pour faire face aux catastrophes climatiques et naturelles auxquelles notre planète est confrontée aujourd’hui. Même l’Antarctique n’est pas assez éloigné pour être à l’abri du changement climatique, de la pollution et de la pêche destructive. Ces dernières années, nous avons vu les glaciers de l’Antarctique reculer, la pollution plastique se répandre et les populations de manchots s’effondrer.

La Commission pour la conservation de la faune et de la flore marines de l’Antarctique (CCAMLR) est composée de 25 gouvernements et de l’Union européenne. Sa mission est de protéger la vie marine de l’Antarctique. Mais malgré leur engagement à créer un réseau de zones protégées en Antarctique, ce groupe de décisionnaires a laissé l’exploitation des océans guider leur agenda pendant bien trop longtemps, et la conservation des océans est passée au second plan. Mais il n’est pas trop tard.

Nous avons besoin d’un traité mondial fort sur les océans

Afin de donner une chance à la nature de se rétablir, il faut réduire massivement les émissions de gaz à effet de serre et créer de vastes sanctuaires océaniques, interdits aux industries destructrices. Les Etats doivent agir rapidement. Le monde attend des mesures concrètes pour permettre aux eaux de l’Antarctique de sortir de l’impasse. Nous devons protéger au moins 30 % des océans de la planète d’ici à 2030.

Les dirigeants d’aujourd’hui ont la possibilité de façonner le destin des océans de la planète pour les générations à venir en signant un traité sur les océans à l’ONU l’année prochaine. Nos océans appartiennent tous, et nous devons veiller à ce que chacun puisse bénéficier de leurs bienfaits, au premier rang desquels la nourriture, la production d’oxygène et l’absoprbption de CO2. Nous devons changer la façon dont nous prenons soin de nos océans car lnou les avons a conduits au bord de l’effondrement. Un traité mondial sur les océans consiste à placer l’équité et la protection au cœur de la gestion de nos océans.

Une occasion historique de protéger les océans

Le traité sur les océans, actuellement en cours de négociation aux Nations unies, pourrait aider à faire face aux pires conséquences du changement climatique, à mettre un terme à la perte de biodiversité et à apporter des avantages considérables aux communautés côtières dont la sécurité alimentaire et les moyens de subsistance sont menacés par le changement climatique, les pratiques de pêche industrielle non durables et la pollution, en ouvrant la porte à un réseau de zones marines entièrement protégées au-delà des frontières nationales.


Près de quatre millions de personnes dans le monde entier demandent à leurs gouvernements d’entrer dans l’histoire en protégeant les océans.