En suspendant une grande banderole «Time and tuna are running out» (Le temps joue contre les thons) sur la façade de l’hôtel où commence aujourd’hui les débats de l’assemblée annuelle de l’ICCAT (Commission internationale de gestion des thonidés de l’Atlantique), Greenpeace adresse aux délégués un message clair: le thon rouge ne peut plus attendre. Des décisions urgentes et efficaces doivent être prises avant la fin de la session le 18 novembre.


Des activistes de Greenpeace tendent une banderole sur la façade de l’hôtel où se déroulent les débats de l’assemblée annuelle de l’ICCAT. ©Greenpeace/Celik

Antalya (Turquie) En dix ans, la généralisation
de la surpêche et la pêche pirate ont conduit le stock
méditerranéen au bord de l’effondrement. Pour Greenpeace, l’ICCAT
doit assumer sa responsabilité et prendre les décisions qui
s’imposent. «Le mal nommé ‘plan e redressement’ conclu à Dubrovnik
en 2006 n’a été qu’une mauvaise blague, déclare Sebastian Losada,
chargé de campagne Océan de Greenpeace Espagne. Et l’ICCAT n’a même
pas été en mesure de mettre en œuvre les modestes mesures qu’il
comprenait. Résultat: en 2007, les captures se sont élevées à
presque 60’000 tonnes! Les demi-mesures ne sont plus de mise:
l’ICCAT doit prendre de toute urgence la décision de fermer la
pêcherie du thon rouge en Méditerranée.»

Dans une étude de cas qui sera présentée à
Antalya, Greenpeace détaille, images à l’appui, les opérations
illégales dont elle a été témoin cet été en Méditerranée:

– recours illégal aux avions de repérage des bans de poissons
par des bateaux italiens et japonais;

– utilisation des filets maillants-dérivants par des bateaux
italiens et tunisiens;

– transbordements illégaux par des bateaux sous pavillon
libyen;

– déclarations sous fausse appellation (thon obèse alors qu’il
s’agit de thon rouge) par la flottille taiwanaise sur la zone
Atlantique;

– recours massifs aux pavillons de complaisance: bateaux
immatriculés dans des pays non-membres de l’ICCAT pour dissimuler
des captures. 

«Ces constats en mer mettent en lumière l’échec
patent de l’ICCAT dans sa mission de gestion du stock et de la
pêcherie: incapacité à endiguer la pêche illégale, incapacité à
discipliner les flottilles, puisque l’Europe affiche un dépassement
avoué de plus de 20% de son quota, et impuissance face à la vague
de ‘quota-papier’ qui a déferlé cette saison», ajoute Stephan
Beaucher, de Greenpeace France.

Greenpeace demande à l’ICCAT de prendre les
mesures suivantes, les seules à même de sauver une population de
thons rouges au bord de l’effondrement:

– ordonner une fermeture de la pêcherie pour une durée non
déterminée, tant que le stock n’aura pas montré des signes
tangibles de redressement;

– mettre en place des sanctuaires sur les zones de ponte;

– accepter la prépondérance de l’avis des scientifiques et
appliquer le principe de précaution dans ses mesures de
gestion;

– mettre en place un plan efficace de lutte contre la pêche
pirate;

– adapter l’appareil productif à la capacité de l’écosystème en
mettant en œuvre l’approche écosystémique.