Le tournant énergétique prendra plusieurs décennies. Il est impossible de suivre cette voie sans carte ni boussole. Les grandes organisations environnementales de Suisse (Greenpeace Suisse, Pro Natura, Fondation Suisse de l’Energie SES, WWF Suisse et Association Transport et Environnement ATE) ont développé une telle boussole en collaboration avec le bureau indépendant d’ingénieurs et de conseils Ernst Basler + Partner. Il s’agit de l’index tournant énergétique.

Le tournant énergétique prendra plusieurs décennies. Il est impossible de suivre cette voie sans carte ni boussole. Les grandes organisations environnementales de Suisse (Greenpeace Suisse, Pro Natura, Fondation Suisse de l’Energie SES, WWF Suisse et Association Transport et Environnement ATE) ont développé une telle boussole en collaboration avec le bureau indépendant d’ingénieurs et de conseils Ernst Basler + Partner. Il s’agit de l’index tournant énergétique.

L’index montre, à l’aide de chiffres publics, comment évolue le tournant énergétique et il est actualisé chaque année: 100% signifie dans l’objectif; 0% signifie pas de progrès ou pire. Il ne mesure pas uniquement comment le courant solaire et éolien est produit en Suisse. Avec sept thèmes et 17 indicateurs, il couvre tous les domaines importants: aspects économiques et sociaux, sécurité de l’approvisionnement, efficacité énergétique, protection du climat, sortie du nucléaire, biodiversité et énergies renouvelables.  

Un rapide coup d’œil à cet index le montre très clairement, la Suisse n’a pour l’heure pas encore pris le chemin du tournant énergétique. Trois aspects sont pour l’heure particulièrement problématiques: la sortie du nucléaire (0%), les énergies renouvelables (7%) et l’efficacité énergétique (0%). Si la promesse de ne pas voir se construire de nouvelles centrales nucléaires est aujourd’hui bel et bien acquise, le nucléaire a toujours le même poids dans l’approvisionnement énergétique du pays. Ceci est inquiétant car la Suisse laisse ses réacteurs en activité bien plus longtemps que les autres pays nucléarisé. Notre pays, avec sa densité de population très élevée, est devenu le lieu d’une expérience nucléaire très risquée, transformant littéralement ses habitants en cobayes. Il faut aujourd’hui obtenir rapidement une date butoir pour l’arrêt des centrales après 40 années de fonctionnement.

En ce qui concerne les énergies renouvelables, le rythme de développement de nouvelles unités de production d’électricité verte est trop lent en Suisse. 26’000 projets attendent un soutien sur la liste d’attente de la rétribution à prix coûtant du courant injecté (RPC). Il est grand temps de faire sauter le couvercle de la RPC et de se débarrasser du contingentement. Cela permettra de donner un véritable rôle au photovoltaïque dans l’approvisionnement en électricité du pays. Enfin les efforts réalisés en matière d’efficacité énergétique sont bien trop timides et ne permettent pas de contenir la croissance de la demande. Il faut aujourd’hui imposer un objectif contraignant en la matière dans la Constitution et mettre en place un système de taxes incitatives, pénalisant les abus et le gaspillage. L’énergie la plus propre est celle que l’on ne consomme pas.

En ce qui concerne les aspects économiques et sociaux les résultats sont plutôt encourageants. La Suisse peut se permettre la transition énergétique, mieux, elle a tout à y gagner. Une production d’énergie indigène et basée sur les agents renouvelables apporte de la valeur ajoutée et des emplois au pays. Cela permet également de réduire notre dépendance envers des pays tiers, ce qui rend la Suisse moins vulnérable aux évolutions des marchés et aux changements politiques.  

Mathias Schlegel est porte-parole de la campagne Climat & Energie de Greenpeace Suisse

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