La COP 28 se déroule à la fin d’une année qui sera probablement la plus chaude jamais enregistrée. Au début de l’année la communauté scientifique à clairement démontré la nécessité de réduire immédiatement et massivement les émissions afin d’éviter les pires conséquences du réchauffement climatique. Si les solutions à la crise climatique sont à portée de main, les émissions sont en hausse et la production d’énergies fossiles est en expansion. Le soutien financier pour réduire les émissions dans les pays plus pauvres et faire face aux impacts croissants du climat reste largement insuffisant. Alors que la Suisse pourrait jouer un rôle clef, la politique climatique et l’engagement des principaux acteurs économiques du pays ne sont pas à la hauteur du défi climatique. 

Les attentes de Greenpeace pour la COP 28 :

  • La conférence doit fixer un cadre clair pour mettre fin à l’expansion du charbon, du pétrole et du gaz, et accélérer la transition vers les énergies renouvelables. 
  • Le bilan mondial qui doit s’achever à la COP 28 doit aboutir à des actions transformatrices pour limiter les températures à 1,5 °C et répondre aux impacts toujours plus importants des dérèglements climatiques.
  • La COP 28 doit aussi aboutir à la mise en place d’un ensemble de leviers financiers crédibles et adaptés aux besoins réels. Cela inclut le lancement d’un nouveau Fonds pour les pertes et dommages, qui assure que les coûts de la crise climatique soient assumés par les principaux pollueurs.

En toute impunité? Les majors pétrolières et les décès liés à leurs émissions

Les émissions de gaz à effet de serre déclarées en 2022 par les activités des neuf grandes entreprises pétrolières et gazières européennes pourraient provoquer la mort prématurée d’environ 360 000 personnes d’ici la fin du siècle. C’est ce que démontre une enquête de Greenpeace Pays-Bas rendue publique lors de la COP 28.

Une seule année d’émissions peut avoir des conséquences mortelles durant des décennies. Les gouvernements, et notamment la Suisse, doivent agir immédiatement en interdisant de nouveaux projets de combustibles fossiles et en obligeant les entreprises à réduire rapidement leurs émissions pour éviter des millions de décès prématurés à l’échelle mondiale.

Le rapport indique que ces estimations sont probablement très conservatrices. En effet, elles ne prennent en compte que les décès liés directement aux températures extrêmes, sans évaluer d’autres impacts climatiques comme l’augmentation de la fréquence des inondations, des incendies, ou des maladies. Il faut ajouter que le nombre réel de décès prématurés pourrait être encore plus élevée, car les émissions déclarées par les entreprises sont susceptibles d’avoir été sous-estimées et que l’étude ne considère que l’année 2022.

En 2022, ces neuf entreprises ont réalisé des bénéfices combinés de 163,07 milliards de dollars. En comparaison, les pays en développement font face à des coûts de pertes et dommages climatiques d’environ 400 milliards de dollars d’ici 2030. Des experts juridiques indépendants consultés par Greenpeace Pays-Bas ont déclaré qu’il pourrait y avoir une base légale pour poursuivre pénalement les entreprises de combustibles fossiles pour mettre en danger tant la vie humaine que l’environnement en vertu de leurs lois pénales nationales respectives, mais que les systèmes de justice pénale ont été historiquement sous-utilisés à cette fin. Greenpeace Pays-Bas appelle à ce que les lois soient davantage testées par le biais de litiges comme moyen de faire face à la menace existentielle de la crise climatique et de plaider en faveur des communautés impactées.

Une Suisse médiocre, loin du top 20

La Suisse se classe 21ème dans le Climate Change Performance Index (CCPI) 2024, le classement climatique par pays. La Suisse reste encore une fois en dehors du Top 20, loin des premières places, notamment le Danemark, l’Estonie, les Philippines ou l’Inde. 

Le classement produit par l’ONG German Watch, le New Climate Institute et le Climate Action Network, s’intéresse à 59 pays et à l’Union Européenne, qui, ensemble, sont responsables pour 92% des émissions de gaz à effet de serre au niveau global.  Les 3 premières places ne sont pas attribuées, car aucun des pays ne mène une politique climatique suffisante pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris.

Ce résultat montre clairement que les efforts fournis sont insuffisants et nous classent parmi les cancres sur les questions climatiques. Le OUI massif en faveur de la loi climat en juin dernier montre pourtant que la population appelle de ses vœux une politique nettement plus ambitieuse. Pour rattraper son retard, la Suisse doit rompre avec le modèle actuel qui s’appuie sur l’oreiller de paresse que représente la compensation carbone et les astuces comptables dont elle abuse depuis des années pour enjoliver ses efforts climatiques. 

L’objectif est clair: 60% de réduction des émissions sur le territoire d’ici à 2030. Actuellement, on prévoit seulement 34% de réduction. Notre pays doit aussi s’engager plus fortement à l’étranger. Ces deux demandes sont actuellement portées auprès de la Cour européenne des droits de l’Homme par les Aînées pour le climat Suisse. Un verdict est d’ailleurs attendu en 2024, qui pourrait faire jurisprudence dans l’Europe entière.

Si tout le monde agissait comme la Suisse, il en résulterait entre 2 et 3°C de réchauffement à l’échelle mondiale. Un réchauffement qui se rapprocherait des 3°C, met en péril la survie d’une grande partie de l’humanité. La politique de la Suisse met de ce fait en danger nos droits fondamentaux.

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