Wilmar, le plus grand négociant en huile de palme, distribue de l’huile de palme issue de la déforestation sur le marché mondial. C’est ce qui ressort du nouveau rapport de Greenpeace « Licence to kill » (en anglais). Certaines marques de produits alimentaires bien connues ainsi que des chaînes de supermarchés sont des clients de Wilmar. Ceux-ci se rendent donc complices de la destruction des forêts tropicales.
Biscuits, pâtes à tartiner, shampoings, produits de nettoyage… De nombreux produits que nous utilisons au quotidien contiennent de l’huile de palme. Or, l’expansion des plantations de palmiers à huile constitue la principale cause de déforestation en Indonésie.
Greenpeace veut stopper la déforestation. En mars de cette année, nous avons donc pris contact avec des dizaines d’entreprises qui utilisent l’huile de palme. Nous leur avons demandé de veiller à ce que leur produit n’entraîne aucune destruction de forêt tropicale. Les réactions furent très différentes: certaines entreprises ont directement répondu, d’autres l’ont fait après plusieurs coups de fil de rappel tandis que d’autres encore n’ont jamais répondu.
Un point commun a vite été trouvé entre les réponses des entreprises qui ont réagi: toutes se fient au RSPO (Table Ronde pour une Huile de Palme Durable) pour produire une huile de palme « durable ». Je place durable entre guillemets car malheureusement, le label RSPO ne permet pas de casser le lien existant entre l’huile de palme, la déforestation et la destruction de tourbières.
Entretemps, nos collègues en Indonésie ont étudié divers cas de destruction de forêts à Sumatra. Entre 2009 et 2011, un demi-million d’hectares de forêts a disparu sur cette île. Une grande partie de cet espace forestier était classé comme habitat de Tigre de Sumatra, qui est désormais proche de l’extinction. Actuellement, il ne resterait en effet plus que 400 Tigres de Sumatra sauvages en vie. L’expansion des plantations industrielles de bois à pâte et de palmiers à huile est responsable de la destruction de deux tiers de l’habitat de cette espèce animale.
Notre nouveau rapport « Licence to Kill » (en anglais) décrit des cas de pratiques illégales et irresponsables qui sont mises en place par des entreprises productrices d’huile de palme à Sumatra:
– destruction de l’habitat du Tigra de Sumatra
– développement de plantations sur des tourbières profondes
– transformation de forêts à haute valeur de conservation
– feux de forêts dans des concessions.
Un exemple ahurissant renvoie aux plantations illégales de palmiers à huile dans le parc national de Tesso Nilo qui, depuis 2011, ont entraîné la disparition de près de la moitié de la forêt restante.
Le nom Wilmar ne vous dit probablement rien. Wilmar est pourtant le plus grand négociant en huile de palme au monde et il est aussi membre du RSPO. Ce géant invisible entretient des liens avec quasiment tous les producteurs d’huile de palme cités dans notre rapport. Par l’entremise de Wilmar, l’huile de palme issue de la déforestation arrive sur le marché mondial, sur les étagères de nos magasins et, finalement, dans nos maisons.
Les multinationales qui achètent de l’huile de palme « sale » à Wilmar rendent dès lors les consommateurs complices, de manière involontaire, de la destruction des forêts tropicales et des tourbières en Indonésie. Parmi les clients de Wilmar, on retrouve entre autres les fabricants de Côte d’Or, Palmolive et Gillette.
Nous avons également trouvé un autre point commun entre les entreprises que nous avons contactées au mois de mars: outre le fait qu’elles soient presque toutes convaincues de la « durabilité » de leur achat garantie par le RSPO, elles ne savent généralement pas d’où vient cette huile de palme. Le commerce d’huile de palme sale assuré par Wilmar, pourtant membre du RSPO, démontre bel et bien qu’une huile de palme durable sans transparence au niveau de la chaîne d’approvisionnement est, dans le meilleur des cas, une douce utopie.
Un certain nombre de producteurs d’huile de palme prouve pourtant qu’il est possible de produire de l’huile de palme sans détruire les forêts. Greenpeace estime que les négociants internationaux en huile de palme comme Wilmar et que les marques comme Vandemoortele, qui achètent cette huile de palme, doivent à tout prix faire disparaître de leur chaîne d’approvisionnement toute huile de palme issue de la déforestation. Ils doivent donc aller au-delà du RSPO, qui n’est pas fiable, et développer eux-mêmes une politique « zéro déforestation », qui commence par une transparence absolue au niveau de leur chaîne d’approvisionnement.
Continuez à nous suivre pour savoir comment vous pouvez aider à casser le lien entre l’huile de palme et la déforestation.